Les découvertes
Têtes d’ange
Cette figure est certainement l’une des découvertes majeures réalisée sur le site. Elle a été mise au jour dans les comblements qui formaient le remplissage du puits du donjon.
Ce puits a été bâti avec la construction de la tour, dans l’épaisseur du mur. Une niche ménagée à droite de l’entrée actuelle donnait accès au treuil et à la cavité, profonde d’une dizaine de mètres et maçonnée d’une façon tronconique sur toute sa hauteur. Les murs reposent sur le roc qui a été, par ailleurs, faiblement entaillé en suivant une sorte de faille. L’alimentation en eau du château défensif ne semble pas avoir été un problème, à la différence de la résidence du XVe siècle. En effet, la construction du troisième rempart de la ville et surtout le percement des larges et profondes douves qui le ceinturaient, semble bien avoir profondément perturbé les niveaux d’eau de l’ensemble des résurgences de la cité et plus particulièrement celle du promontoire rocheux sur lequel est installé le château. De-là l’ultime recherche de cette eau fuyante, puis le pourrissage de la structure par le rejet de matières organiques, de sa transformation en fosse dépotoir. Des éléments militaires, chausse-trapes, entraves sont à mettre en relation avec la fin des guerres de la ligue du Bien public, tandis que des boulets, des moules à grenailles et des fragments sculptés seraient en lien avec les guerres de Religion et les premières destructions opérées sur le site. C’est dans ce contexte archéologique que la découverte a été faite.
Cette sculpture ne présente aucune trace de polychromie, la présence de chaux autour de sa découverte ayant également pu en anéantir les derniers témoins. Elle est de très belle facture et ressemble aux autres têtes de l’École de Berry. Les cheveux sont rayonnants à partir du sommet de la tête, ils sont retenus par un bandeau lisse et retombent en boucles de part et d’autre du visage. Le module interroge ; plus petit que les têtes conservées à Bourges et Issoudun, il s’approche de celui de la figure de Châteauroux et de la seconde découverte de Mehun (ce qui semble logique). Si le volume semble trop petit pour appartenir à une figure indépendante, il est trop gros pour provenir d’un cul-de-lampe d’autant que sans être particulièrement soignée sur l’arrière, la taille réalise une figure en ronde bosse.
Malgré mille interrogations, cette figure démontre les tours de main et la qualité des éléments sculptés qui ornaient le château et pas seulement la chapelle ou la tour maîtresse. Elle complète les fragments mis au jour au pied de la grande-salle ou sur les chemins de rondes, au pied des appartements de l’aile sud-est également. Même brisés “à l’ultime”, les fragments statuaires découverts sur le site, renforcent l’idée d’une résidence exceptionnelle, un foyer d’art et un lieu de création au cœur de l’École de Berry au tournant des XIVe et XVe siècles.
Cette sculpture fait partie des collections permanentes du musée et a été exposée à de multiples reprises. Lors des journées du patrimoine 2016, les cinq têtes s’apparentant à l’école de Bourges avaient été rassemblées au château-musée Charles VII (Bourges, Châteauroux, Issoudun et Mehun). Une première pour comparer avec plus de facilité les différents éléments stylistiques et les volumes des œuvres.
Le château est l’un des sites archéologiques les plus riches de la région. De l’antiquité au XVIIIème siècle, douze châteaux ont été repérés. Des découvertes exceptionnelles ont été réalisées, du fragment statuaire, œuvre d’art aux témoins de la vie quotidienne. Ci-dessous, quelques découvertes incontournables.
Les cuirs
Des fragments de cuir ont également été mis au jour dans les remplissages inférieurs du puits du donjon. Très altérés et fragmentaires, de conservation difficile, leurs déterminations restent incertaines. Nous pouvons simplement avancer qu’ils sont en lien avec un vêtement militaire, voire une pièce d’apparat ; plus vraisemblablement une sacoche (bandes et passants). Les éléments semblent plus anciens que les niveaux XVe siècle dans lesquels ils ont été découverts.
Ce qui est surtout remarquable, c’est le décor qu’ils portent. Stabilisés par le laboratoire d’analyses et de restauration Utica de Saint-Denis, étudiés par Véronique Montambault, ces cuirs ont révélé des guillochis, des cercles gravés et cernés d’estampages circulaires contenant des oiseaux : rapaces, gravés et peints. Des bandes orangées, vermillons, soulignent l’ensemble. L’équipe de Bernard Guineau, Cnrs du laboratoire de physique appliquée E. Babelon d’Orléans, a mis en évidence des rehauts d’or poudré sur certaines parties des gravures.
À n’en pas douter, une pièce exceptionnelle, à l’évidence princière, mais malheureusement, très fragmentaire et toujours fragile. Présentée, sous des conditions très particulières, au château de Langeais lors de l’exposition sur le costume médiéval, les spécialistes s’accordaient à y reconnaitre certainement une pièce héraldique ; osons alors nous aventurer pour y voir une sacoche de messager (?) ou de fauconnier (?).
Céramiques urbaines
Lorsque l’on pense château résidentiel, on y associe toujours des découvertes en nombres. Si cela est vrai en ce qui concerne le bâti (taille, sculpture, vitrerie, sol, peinture…), ce n’est pas le cas pour le mobilier domestique, le cadre de vie, tout ce qui fait la culture matérielle d’un site… Les princes et leur suite étaient d’éternels voyageurs, ils allaient de lieu en lieu en ne laissant dans leurs châteaux (comme celui de Mehun) qu’une poignée de fidèles et une garnison minimum. Ce sont les fouilles urbaines qui nous permettent de comprendre le cadre et les modes de vie au Moyen Âge. La brillante démonstration en a été faite à Saint-Denis, suivies en cela par toutes les recherches préventives opérées ces dernières années au cœur de nos villes. À Mehun, le modèle se répète.
Lors des recherches menées en 1998 dans une parcelle destinée à devenir un nouvel aménagement urbain, une transversale piétonne entre différents lieux culturels de la ville, des découvertes majeures ont été faites : confirmation du tracé de la seconde enceinte de la ville, profondeur considérable du fossé, rupture de pente du socle rocheux, adjonction de bâtiments défensifs, liaison avec des systèmes souterrains, etc. La parcelle fouillée étaient remarquablement placée, derrière une maison canoniale, une auberge et au pied des remparts. Les six mètres de stratigraphie ont révélé mille indices allant de l’extrême fin du XIIe siècle au XVIIIe siècle. Ainsi, peut-on admirer aujourd’hui dans le musée un ange ciselé sur os à la manière des ateliers d’Embriachi et des éléments de parures remarquables, mais surtout des céramiques.
Lèchefrites, coquemars ou pots-à-cuire, pichets, cruches à becs tubulaires ou col filtre et pintes de l’auberge confirment la grande diversité (et fragilité) du vaisselier médiéval. Pour la première fois, des couvre-feux ont été découverts, dont l’un, très richement ouvragé, est une importation de la fin du Moyen Âge du nord de la France ou des Flandres. Ces objets permettaient de maintenir quelques braises ardentes durant la nuit sans craindre l’incendie. Un ensemble de céramiques a été daté par la découverte d’une bourse perdue ou tombée du haut des courtines et les poteries découvertes confirment l’exceptionnel essor de la cité au XIIIe siècle. Époque des Courtenay et des Artois, du château défensif et de la zone franche, synonyme de développement économique et de richesses urbaines. Les poubelles (de cette époque) reflétant le niveau de vie des habitants.